Hello les
Housse de Racket ca va ? Content d’être dans le sud ?
Victor : Nous sommes hyper contents
d’être là, nous étions déjà venu jouer à Marseille au Cabaret Aléatoire il y a
très longtemps, et nous sommes très content de revenir pour Marsatac, la
programmation est super donc oué, très content !
Pierre : Pas mieuuux !
On va surtout
s’attarder sur ce nouvel album, qui a été qualifié de celui de la
« maturité » par la critique après un premier album parfois classé
comme « naïf » voire un peu « teenager ». De votre côté,
quels ont été vos sentiments dans la construction de cet album et face au
résultat final ?
V : C’est pas complètement
faux, dans le sens où l’album de la maturité c’est un peu le cliché de tous les
deuxièmes albums, mais…
P : C’est peut-être un petit
peu tôt pour la maturité
V : Ce n’est pas tant que cet
album est celui de la maturité - je reprend une formule que Pierre avait dit
une fois – mais c’est peut-être que le premier était celui de l’immaturité,
mais c’est un album que nous assumons totalement et que nous adorons, et s’il y
a un petit peu plus ce côté « teenage », c’est car nous étions nous
aussi un peu plus « teenagers ». Il s’est écoulé 3 ans entre les
deux, nous avons fait plein de choses, beaucoup de tournées, nous avons été
dans plein de pays, nous avons rencontré pas mal de gens, vu plein de groupes
et je pense que nous avions envie de dire autre chose sur le deuxième album.
Pour la
conception de l’album, vous étiez vous donnés une certaine ligne directrice
artistique, avec un côté pop plus affirmé, ou les compositions se sont
enchainées au fil du temps selon votre quotidien, votre vie de tous les jours,
vos émotions ?
P : Musicalement nous avons eu
la chance de trouver très vite la direction que nous voulions prendre, avec
grosso modo toujours les mêmes sons de synthés, et sans le savoir nous étions
en train de revisiter un patrimoine new-wave que même nous, nous avions très
peu écouté. Pour ce qui est des textes et des influences globales, il
s’agissait bizarrement d’essayer de traiter les sujets autour de l’homme et de
son environnement. Voilà il y a Kraftwerk qui passe (une de ses productions
jouée par le Dj de l’espace pro Marsatac ndlr), nous étions complètement
là-dedans, quelque chose qui va vraiment piocher dans le passé pour faire la
musique du futur et donc ça passait par l’architecture, la technique, la
technologie… d’où certains morceaux comme TGV, Ariane. La ligne directrice
s’est dessinée en cours de route mais dans le son, on savait grosso modo ce que
nous voulions faire, cette volonté de moderniser notre son. Sur le premier
album, il s’agissait de beaucoup d’influences des années 70 comme Bowie,
c’était un peu un hommage et on pouvait sentir dans chacun des morceaux quelles
étaient ses influences, tandis que pour le deuxième nous ne savions pas
vraiment comment nous allions moderniser notre son et c’était une des grandes
velléités.
Pour Alesia,
c’est Zdar qui se charge de la production! Comment êtes vous arrivés à bosser
avec cette moitié de Cassius et comment s’est déroulée cette association ?
P : On a frappé à la porte…
(rires) Nous le connaissions un petit peu de Cassius, par des connaissances
interposées. Il connaissait le nom de notre groupe, mais je pense qu’il avait
un bon apriori sur nous sans vraiment connaître notre musique. Bizarrement,
c’était quelque chose de plutôt positif car il est arrivé avec une oreille
extrêmement fraiche dénuée de préjugés. Il a pu juger telle qu’elle notre
musique, c’était super important pour nous et nous sommes arrivés à le faire
venir dans un tout petit studio dans lequel nous étions en train d’écrire,
c’était quand même un demi miracle de réussir à faire déplacer Philippe Zdar.
Nous lui avons joué 3 démos avec le plus de conviction possible, nous voulions
tellement que ce soit lui que nous nous sommes pas donnés le choix. Il était
vraiment parti pour dire non et visiblement il a été séduit. Il nous a dit de
retourner le voir dans quelques temps avec plus de morceaux voir ce qui était
réalisable. Nous savions que si nous voulions travailler avec Philippe Zdar,
nous devions être à la hauteur.
Zdar a produit
par exemple The Rapture et Phoenix… On vous compare souvent – de part votre
origine versaillaise mais aussi musicalement – à ces derniers. Phoenix font-ils
parti de vos influences ? Et quelles sont vos influences plus
généralement ?
V : De Versailles pas
exactement, d’une banlieue qui n’est pas très loin. Le rapport avec Phoenix est
assez particulier, nous les considérons un peu comme des grands frères. Nous
les avons côtoyés un petit peu, ils ont été très généreux, ils nous offert la
chance de faire quelques premières parties de leur tournée européenne de leur
dernier album. Pierre a également joué avec eux en remplacement au clavier pour
toute une bonne partie de la tournée précédente. Donc forcément, c’est un
groupe assez impressionnant de part son parcours, ils ont ouvert une voie assez
incroyable notamment aux Etats-Unis. Je sais pas vraiment s’il s’agit d’une
influence, mais oui on les respecte énormément, je pense que nous écoutons les
mêmes choses, on doit avoir des influences en commun mais voilà nous les
considérons un peu plus comme des grands frères.
Sinon nos influences sur cet album c’est exactement
ce qui est en train de passer en ce moment (Kraftwerk toujours/rires),
peut-être des trucs un petit peu plus cold, un petit peu plus froid que sur le
précédent album où nous étions plus autour de Stevie Wonder et Bowie… Mais
sinon de manière générale sur cet album nous avions décidé de ne pas écouter de
musique du tout, pour faire que notre musique, ne pas se faire influencer par
ce qui se faisait… Et puis nos influences étaient plutôt de regarder des films,
de lire énormément, d’être curieux sur tout, l’architecture, la peinture, la
bande dessinée… C’était assez nouveau pour nous de ne pas être influencer
seulement par la musique.
P : Et pour revenir à Phoenix,
c’est une influence dans le parcours, la démarche, leur carrière est un modèle
quelque part. Musicalement, on doit affirmer Housse de Racket et Housse de
Racket est très différent de Phoenix
Le dernier
album de Phoenix a reçu un Grammy Awards, est ce le genre de récompense qui
vous fait rêvez ?
V : Ah OUI ! (rires)
Franchement, c’est très très respectable, je pense que c’est la première fois
qu’un groupe français de rock a eu une récompense comme çà aux Etats-Unis et
c’est une espèce de coup de tampon, c’est impressionnant !
Quels rapports
entretenez-vous avec le duo Air, qui complète cette « scène
versaillaise » ?
V : Nous les connaissons
également un petit peu. Nous avons tous les deux joués avec Jean-Benoît Dunckel
qui avait un projet à côté de Air qui s’appelait Darkel, pour lequel Pierre et
moi étions ses musiciens. Et individuellement, j’ai également joué un peu avec
Air sur une bande originale de film. C’est encore un autre genre de groupe
français assez « dinosaure », assez impressionnant qui ont vendu
plein de disques. Que ce soit Phoenix ou Air, ils ont aussi commencés à une
époque où le disque se vendait encore extrêmement bien – ce qui n’enlève rien à
leur réussite – et c’est aussi autre chose maintenant, mais respect pour
Air !
Vous suivez
tout ce qui se dit sur votre actualité dans les différents médias, les
critiques ? Ou seule la réaction du public lors de vos live est prise en
compte ?
V : Nous somment évidemment
très curieux. Ecrire un album, c’est une gestation de 2 ans grosso modo donc
évidemment quand ça sort on a envie de savoir ce que les gens en pensent, on
essaye de lire à droite à gauche ce qui s’écrit. Faut aussi arriver à s’en
isoler quelque peu, et rester un peu en dehors de tout ça. Ça fait évidemment
toujours plaisir de lire des critiques positives et ça fait beaucoup moins
plaisir quand les gens écrivent des choses extrêmement négatives, mais voilà,
on a pas un sans l’autre, ça fait partie du jeu, et on espère seulement que le
public aura suffisamment de curiosité pour avoir envie de nous écouter. S’ils
aiment c’est super, s’ils n’aiment pas c’est super aussi car c’est leur choix.
P : C’est aussi normal en tant
qu’artiste. Si sur 10 critiques, il y en a une qui est horrible, tu vas retenir
que celle-là. Je pense que les gens sont plus durs sur internet que dans la
presse car il y aussi un vecteur où chacun est derrière son ordinateur à
l’affut de grrrr (grimaces, rires), et c’est rare de mettre sur internet
« je suis fan »…
Le clash fait toujours
recette…
P : Oui voilà c’est une sorte
de joute à celui qui sera le plus hardcore, mais on essaye de pas trop
regarder…
V : Là plus récemment on s’est
retrouvé en couverture de Tsugi avec évidemment Philippe Zdar et The Rapture,
un groupe que l’on respecte énormément, et donc je crois qu’il vaut mieux
retenir çà que le mec sur Twitter pas très content.
Vous chantez
quasi-exclusivement en anglais sur cet album. Pourquoi ce choix ?
V : On a essayé de faire
moitié-moitié, parce que c’était nouveau – le premier album était exclusivement
en français ou presque, et comme chaque chose nouvelle, c’est assez excitant
d’en faire un maximum, et ça sonnait bien. Le premier morceau écrit en anglais
était Château, et quand Pierre a commencé à le chanter, ça sonnait tout de
suite bien, c’était assez fluide. Ecrire en français peut être une souffrance,
la langue française n’est pas une langue qui sonne aussi directement que
l’anglais. De la même manière que nous avions arrêtés le concept tennis etc,
nous avons arrêtés de nous mettre certaines barrières comme l’anglais donc
voilà pourquoi pas ?! Après, nous avions aussi décidés de garder le
français car c’est ce qui fait que nous sommes Housse de Racket et pas un autre
groupe. C’était aussi avec Philippe Zdar une grande discussion et il nous
poussait à garder un maximum de français car c’est aussi un de nos
particularités.
Est ce que par
conséquent, comme bon nombre de groupes pop français qui osent l’anglais, vous
rencontrez un large succès dans les pays anglosaxons ou a l’étranger plus
généralement?
V : Oui bien sur. Mais ce n’est
pas une décision stratégique ou marketing, c’est vraiment une vision
artistique, une liberté que nous voulions prendre. Après on ne peut nier le
fait que comme par hasard des morceaux chantés en anglais de cet album sont
diffusés sur des radios aux Etats-Unis ou en Angleterre plus facilement.
C’était plus dans la norme pour nous, qui écoutons beaucoup de musiques
anglo-saxonnes, d’écrire en anglais qu’en français. A l’arrivée, c’est plutôt
notre premier album qui est assez paradoxal par rapport à nos influences et à
la situation artistique où nous espérons nous situer.
Vous montez
sur la scène Seita à 2h15. Avez-vous une certaine appréhension avant ce
live ? On imagine souvent Marseille avec un public « rap » ou
« hip hop », et par conséquent, la ville est souvent zappée des
grandes tournées de groupes pop/rock…
P : C’est vrai oué ! Au
contraire, on est vraiment très content d’être là. Tu as raison, il n’y a pas
assez de dates vers Marseille ou dans la Côte d’Azur en général, c’est
difficile ! Et toi tu dois être frustré de çà non ? (rires) Parfois
il y a des groupes qui tournent mais pas ici. Heureusement qu’il y a de supers
festivals comme Marsatac qui existent et on est très content d’être là.
L’appréhension est présente à tous les concerts parce que nous avons envie de
tous les réussir.
V : On sent vraiment bien dans
cette programmation, et apparemment c’était complet tous les soirs, qu’il y a
un public pour ces musiques là. Ici c’est peut-être car ça se fait rare aussi
mais voilà, nous sommes très heureux d’être là.
@Theo Haggai |
Accordez-vous toujours
une place très importante à l’aspect visuel du live ? Vous avez
délaissés vos tenues de tennismen…
V : Oui oui complètement, pour
nous le concert doit être un moment où, dans la mesure où les gens payent leur
place, viennent nous voir, nous devons leur donner quelque chose. L’aspect
visuel est très important et nous bossons actuellement de plus en plus dessus.
Pour revenir sur nos tenues de tennismen, c’était surtout pour nous mettre sur
les rails au début, c’était notre truc à nous, on l’a fait, on l’a bien fait, et
c’était génial de se démarquer de tout le monde - « mais putin c’est qui
ces mecs en tennismen » - aujourd’hui encore çà me fait super marrer. Mais
bon voilà c’est passé, on le refera peut-être un jour, pour le jubilé de nos 25
ans (rires)… Nous sommes pour l’instant contents de nous montrer en tant que
« Pierre et Victor » et c’est encore plus fort qu’un prétexte
« en fait c’est pas vraiment nous, c’est des tennismen »…
P : La scène reste vraiment
importante…
V : Aujourd’hui le spectacle va
plutôt passer par les lumières mais nous sommes en train de travailler, nous
allons préparer de supers trucs pour le futur.
Vous avez
jeter un œil sur la programmation, y a t’il des concerts auxquels vous allez
jeter un œil ?
V: Oué nous aimerions beaucoup
voir Arnaud Rebotini et Modeselektor, nous sommes assez curieux… Nous avons pas
mal tournés avec Yuksek donc nous l’avons vu plusieurs fois mais c’est toujours
chouette d’aller le voir – même si nous avons une demi-heure en commun
aujourd’hui de live…
P : Mondkopf aussi, mais ce qui
est embêtant avec ce genre de festival c’est que tu ne peux jamais voir – quand
tu es un groupe je veux dire – autant que tu voudrais tous les groupes, il y a
toujours des frustrations mais bon nous allons tout de même essayer d’aller
voir les groupes cités.
Sinon dans la
vie de tous les jours, quels artistes écoutez-vous ?
V : J’ai commencé à pas mal
écouter l’album des Horrors, que je trouve de plus en plus cool, mais sinon je
me fais un grand retour, sans faire le truc « intello » ou quoi, à la
musique classique et j’écoute énormément de jazz en ce moment, je n’ai envie
d’écouter que çà !
P : du Zaz ?
V : (rires) Oui du Zaz !
Oué c’est mon truc tout çà l’Aveyron (rires)… Non le Jazz ! Ca
m’ouvre !
P : Un peu pareil pour moi,
l’album de The Horrors est intrigant, je le trouve moins directement convaincant
que leur deuxième – j’avais adoré tout de suite. Après oui, des classiques, on
redécouvre aussi certains albums des Sparks, pas mal de musique classique…
Comme nous répétons beaucoup, c’est difficile, c’est un peu comme quand nous
sommes en train d’écrire, nous écoutons de la musique vraiment tout le temps,
et çà devient difficile d’écouter de la nouvelle musique. Là nous sommes un peu
en mode répétition intensive donc j’aime bien arriver chez moi et écouter des
choses très calmes ou pas du tout de musique, donc c’est un peu par phases, par
cycles, c’est hyper nourrissant évidemment !
Enfin, je
voulais revenir sur la présence de Oh Yeah dans la météo de Louise Bourgoin il
y a quelques années sur Canal +. Comment votre morceau s’est il retrouvé
propulsé en tant que jingle?
V : Oh Yeah c’est un peu un
mystère pour nous. Le premier album, nous l’avons enregistrés dans une chambre
de 10m2, 3 micros et 4 bouts de ficelles, et Oh Yeah faisait partie d’un de ces
morceaux. Pour nous, il n’avait pas plus de potentiel que les autres et voilà,
il y a une magie autour de ce morceau que nous ne savons expliquer, et tant
mieux, sinon çà serait trop facile… Les gens ont vraiment commencé à aimer ce
morceau, il était pas mal diffusé en radio et en télé et de fils en aiguilles
il s’est retrouvé un peu partout sans que nous puissions nous l’expliquer,
c’est assez beau… Nous savions aussi qu’il y avait un revers de la médaille, que
pour nous Oh Yeah était un peu la partie visible de l’iceberg et que nous avions
beaucoup d’autres musiques « en nous »… Nous sommes très
contents de sortir ce nouvel album et d’affirmer autre chose. Il y avait plein
d’indices dans notre premier album, des germes de ce que Housse de Racket
allait devenir, un psychédélisme, un côté un petit progressif et pourquoi pas new-wave…
P : Le disque t’appartient tant
qu’il n’est pas encore sorti, après, une fois sorti, il appartient au public.
Pour le cas de la météo de Louise Bourgoin, c’est tout à fait çà, ils ne nous
ont jamais rien demandé. Donc voilà, un jour on nous a envoyé un texto
« oh il y a votre morceau à la météo » et ce morceau a eu une vie
assez incroyable, et je crois que c’est pas encore fini, donc il faut accepter
que tes morceaux ne t’appartiennent plus…
La Question
classique, le Bonbon préféré ?
P : Moi c’est les Dragibus !
V : Ah moi c’est les Carambar,
pour les blagues…
Que puis-je
vous souhaiter pour la suite ?
V : Continuer !
P : Continuer et progresser,
faire un maximum de concerts dans le monde entier et surtout de défoncer ce soir
(rires)…
…Yuksek a dit récemment qu’il ne comptait pas faire çà tout sa vie, et vous ?
P : Mais Yuksek a un rapport
particulier à la scène, quand on le croise il a l’air euh…
V : En fait maintenant il
s’éclate mais vu qu’il était seul lors de sa première tournée, ca ne devait pas
être facile. Moi je vais finir par un côté émotion mais Pierre c’est mon
meilleur pote et…
P : Ohhhh (rires)
V : … les gens qui travaillent
avec nous, nous les adorons, notre ingénieur du son nous suit depuis toujours,
c’est un petite famille et franchement aucune lassitude, bien au contraire
P : On est en train de
construire un truc qui va durer longtemps !
ROB[!]n